😵 Influencer l’opinion avec du contenu IA : on y est
#24 - De Lauren Hurst à Reddit, en passant par Trump, bienvenue dans l’ère de la persuasion algorithmique. BONUS : sortie du dernier épisode de Lauren Hurst.
On a cru ces derniers mois que la menace de l’IA, ce serait de vilains robots qui nous piqueraient nos jobs (ou nos compétences, ça dépend de comment on voit le truc).
Mais p’têt que la vraie menace, c’est surtout qu’elle influence nos opinions. Discrètement. Efficacement. Et en masse.
Pendant plusieurs mois, sur Reddit, des bots conçus par des chercheurs suisses ont infiltré la communauté r/changemyview (3,8 millions de membres tout de même) pour changer l’avis des utilisateurs sur des sujets sensibles comme Black Lives Matter, les violences sexuelles ou les soins de santé en postant des trucs bien argumentés.
Le tout sans prévenir ni les modérateurs, ni les participants (alors que bon, le subreddit l’avait explicitement interdit, mais on est pas à une règle éthique violentée près).
J’imagine que vous vous demandez si ça a fonctionné. Eh bien oui, carrément : ces bots générés par IA ont été 3 à 6 fois plus convaincants que des humains.
Il s’agissait ici d’une expérience scientifique ; maintenant, imaginez la même chose avec les fermes à trolls russes.
Car pendant que vous expédiez votre petit post LinkedIn en espérant qu’il soit lu, dans d’autres recoins sombres de l’Internet, des milliers de contenus calibrés pour influencer vos opinions envahissent déjà vos feeds.
C’était le propos que je voulais en partie développer dans mon podcast, Le Mystère Lauren Hurst (qui, soit dit en passant, était une fiction - désolé pour celles et ceux qui y ont cru) ; finalement, ce n’était pas un délire si dystopique que ça. Je dirais même qu’il suit les logiques réelles qui régissent aujourd’hui le marketing de contenu : créer massivement des récits simples, émotionnels, répétables, adaptables, mesurables. En gros : scalables.
Le contenu est politique
Si on regarde du côté des states, l’élection du Donald a donné lieu à un déluge de décisions anti-démocratiques, mais aussi à une guerre narrative maîtrisée, même si ça n’en donne pas l’air : storytelling victimaire, attaques coordonnées contre les contre-pouvoirs et discours calibrés pour générer de l’indignation chez les maga-partisans.
Et tout ça.. massivement relayé sur les réseaux sociaux. Par des humains, des bots, des “agents”. Peu importe en fait, les résultats sont là : les américains vivent maintenant sous une autocratie.
Et si on pense encore que le contenu n’est qu’un canal, un format, un truc de marketing, alors on est en train de rater son basculement majeur : il est devenu un outil de soft power algorithmique.
Qu’est-ce qu’on fait de ça ?
Ma foi, on peut commencer par ouvrir les yeux : ce qui s’est passé sur Reddit n’est pas une anomalie ; c’est un aperçu. Ce que Trump fait avec les médias, ce n’est pas une dérive ; c’est une méthode.
Mais peut-être que la vraie question, comme d’hab, c’est pas : “oh mon dieu, comment éviter que l’IA manipule l’opinion ?” mais plutôt : “sommes-nous prêts à reconnaître à quel point le contenu influence déjà notre manière de penser ?”.
Car oui, tout ça, c’est pas nouveau. Ce qui change, encore et toujours, c’est l’échelle.
Il faut peut-être donc commencer par ralentir. Par douter. Par recréer des espaces où l’on apprend à lire entre les lignes et à questionner ce qu’on consomme ; peut-être même faudra-t-il “réapprendre” à lire et à écrire.
Il est très possible qu’on en soit arrivés là : face à des systèmes capables de produire des opinions en série, le seul rempart viable, c’est une pensée qui ne se laisse pas automatiser.
⚠️ IMPORTANT : La Plume Déchaînée devient… Astram
Bon. Parlons peu, parlons transformation.
“La Plume Déchaînée”, c’était chouette, mais voilà : cette sous-marque va tirer sa révérence.
Plus exactement : elle disparaît au profit d’Astram, la marque principale - et donc la seule - qui va désormais regrouper toutes mes obsessions stratégico-éditoriales.
Je vous l’avais annoncé dans les deux précédents numéros, ça fait un moment que j’étais en train de réorganiser mon écosystème de contenus. Et dans ces conditions, une sous-marque pour une newsletter, ça rend le truc assez confus.
Au stade où j’en suis, j’ai besoin que tout converge vers une même promesse : activer le contenu comme un levier business, pas comme un meuble qu’on cale entre 2 pots de fleurs.
Et surtout, cette newsletter doit devenir, en arrière-plan, une extension éditoriale de ma méthode des Content Loops.
Concrètement, ça va ressembler à quoi ?
La plume et la tonalité restent ;
Il y aura toujours un édito : une prise de position sur un sujet de fond ou une actu chaude du content B2B ;
Une veille plus concise. Elle sera rebasculée sur un futur podcast (j’y reviendrai).
De l’actionnable (vous avez quasiment toutes et tous voté pour) : une analyse ou une mini étude de cas, décortiquée, pour expliquer pourquoi tel contenu B2B est intéressant, impactant, ou sort du lot.
Une ressource réutilisable directement en bonus.
Si le sujet vous intéresse, j’escompte sortir un billet d’analyse en expliquant pourquoi, dans mon cas, la veille sur laquelle j’avais full misé était une impasse.
En attendant, profitez bien de ce dernier numéro dans sa forme actuelle.
Je vous laisse balancer vos condoléances pour ce bon vieux canard qui aura tout de même fêté ses un an en février et je l’ai totalement passé sous silence, tiens :
This is the end, comme chantaient les Doors.
Dans le dernier épisode du Mystère Lauren Hurst, je vous dévoile la pièce manquante, le document que personne n’était censé voir : le plan opérationnel de NextGen. Noir sur blanc. J'y ai appris beaucoup de choses :
👉 Que Lauren n’était effectivement pas une ado prodige.
👉 Que derrière elle se trouvait un projet plus vaste et beaucoup plus inquiétant.
Bienvenue dans l'ultime épisode qui va tout vous révéler, et qui va sérieusement vous faire revoir ce que vous croyez savoir de l'univers de l'influence…
La fiction Lauren Hurst (oui, c’est une fiction créée de toutes pièces), c’est au total 2h40 d’écoute pour environ 7 jours de boulot à temps plein. Si ça vous intéresse, j’ai fais un retour d’expérience complet ici :
Ça vous dirait une bonne histoire de 🍑 ?
Alors, c’est l’histoire d’une chercheuse en bio-ingénierie, Zara Darcy, qui s’est dit un jour : “Tiens, et si je postais mes vidéos de vulgarisation scientifique sur P*rnhub ?”.
Eh bah, spoiler : elle s’est pas contentée de le penser, elle l’a fait. Et avec 250 000 billets verts mensuels à la clé, c’est peu dire que ça a marché.
Et, euh… pourquoi ça marche, au fait ? Parce que c’est sacrément contre-intuitif, que ça flirte avec le transgressif sans jamais basculer dans le crade, et que, dans une mer de contenus uniformes, elle a osé glitché pour se faire entendre.
Imaginez un peu le truc quand même : vous êtes sur Pornhub pour vous lustrer la pinède quand, soudain, une meuf vous explique la dérivée de f(x) = x².
Perso, je trouve que c’est une formidable leçon de contenu hors contexte. Alors que YouTube bride la monétisation ou que LinkedIn décapite le reach, Zara a choisi une voie parallèle ; là où les autres voient du “non brand-safe” (et à raison, certes, quoique), elle voit un canal sous-exploité, libre, et surtout très bien rémunéré.
Je vous laisse sur la fabuleuse morale de cette histoire : ce n’est pas où tu parles qui compte, c’est comment tu parviens à te faire entendre.
Quelles sont les difficultés les plus importantes rencontrées par les CMO en 2025 ?
Eh bien, pour le savoir, les chercheurs de The CMO Survey ont interrogé aux states 281 responsables marketing en janvier et février 2025.
Eh bah, globalement, 2025, c’est l’année du doute mollasson.
On apprend ainsi que les marketers sont à 62% sur l’échelle de l’optimisme économique (un gros “mouif” quoi), et côté budget, on est loin des années fastes.
Pendant que 64% des CMO essaient toujours de démontrer l’impact concret du marketing sur les résultats business, on voit également que l’IA s’installe bien :
+116% d’usage de l’IA générative en un an.
Objectif : qu’elle représente 44,2% des efforts marketing dans trois ans.
Résultat : baisse des coûts, hausse de la productivité, et bonus de street cred pour ceux qui savent en parler (même sans bien s’en servir, cc influvoleur LinkedIn).
Mais là où ça pique, c’est qu’en parallèle :
La rétention client se casse la gueule (de 10,5% à 7,7%) ;
La valeur perçue de la marque baisse ;
Le budget pub traditionnel est en baisse (-0,3%, ok symbolique) ;
Et on ne recrute plus de talents (ou du moins, on galère à les garder).
C’est comme qui dirait que le marketing n’a jamais été autant “augmenté” et, paradoxalement, jamais aussi fragile.
🎙️ Créer un podcast “grand public” ou “expert”, c’est pas juste une affaire de ton. C’est ce que nous rappelle Eric Seclet dans son post : le premier, c’est du showbiz audio : large audience, créativité, viralité. Le second, c’est de la preuve sociale : crédibilité, niche, influence business. Format, branding, invités, objectifs ? Tout change. Et vouloir les deux, c’est risquer de rater chacun.
💸 Pas de budget pub ? Pariez sur le contenu (ça vend aussi, promis) : le contenu, c’est un vrai levier de croissance, même (surtout) quand on n’a pas un rond. La preuve avec Slow Infusion, une marque de tisanes CBD lancée par Chloé Perrot sans budget, sans ads, mais avec une stratégie de contenu aux petits légumes tendres et verts.
🤖 Quand les IA inventent carrément leur propre société : quand des IA se mettent à parler entre elles, elles créent des normes sociales. Littéralement. Une étude récente montre qu’en groupe, ces systèmes développent des conventions, des préférences, et même des biais qu’aucune n’avait seule. Je me demande ce que pouvait penser Skynet, tiens.
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