đ BĂątir un systĂšme Ă©ditorial scalable en solo
#26 - DĂ©couvrez comment Emily Kramer fait tourner sa newsletter avec un process lean et efficace : contenu modulaire, perceptions assumĂ©es, frameworks rĂ©utilisables, et zĂ©ro contenu âjetableâ.
Vous le savez tout comme moi, il nâa jamais Ă©tĂ© aussi facile de produire du contenu.
Un pâtit prompt piquĂ© dans un carrourou LinkedIn, un clic, et hop : 1000 mots fraĂźchement gĂ©nĂ©rĂ©s. Le hic, câest quâon se retrouve avec une inondation de contenus B2B interchangeables, fades, produits pour cocher des cases dans un calendrier Ă©ditorial.
Sauf quâĂ force de survivre en infobĂ©sitĂ© morbide avec des hordes de contenus âok tiersâ, câest plus la quantitĂ© qui gagne la partie. Emily Kramer le rĂ©sume parfaitement bien : âWe are entering the era of the product-like content strategyâ.
Dans le papier dont on parle plus bas, elle dĂ©zingue notamment le syndrome du contenu produit pour âfaire du contenuâ - cette frĂ©nĂ©sie Ă©ditoriale qui nous abreuve de merdouilles sans apporter une quelconque valeur rĂ©elle. Elle appelle donc Ă une prise de conscience : le contenu doit ĂȘtre pensĂ© comme un produit. Avec une vision, une proposition de valeur, des retours utilisateurs, et surtout : un design systĂ©mique.
On est bien loin du simple post LinkedIn dont lâauteur·ice sâautosatisfait de son reach. Car ce qui compte, plus que jamais, câest la capacitĂ© Ă construire une stratĂ©gie qui tienne dans la durĂ©e.
Parmi les exemples quâelle cite :
ProfitWell avec son contenu centré sur des données propriétaires.
Hopin avec des contenus hyper pertinents pour leur audience événementielle.
Buffer avec son blog emblématique sur le travail en remote.
A contrario, elle démonte aussi les piÚges classiques :
Faire un blog âparce que tout le monde en a unâ ;
Copier des formats ou des templates sans comprendre leur logique ;
Surproduire au kilomĂštre sans feedback.
Bref : orchestration > génération. SystÚme > volume.
Et au fond, câest exactement le combat que je porte : penser le contenu en Ă©cosystĂšmes Ă©ditoriaux cohĂ©rents. Sortir de la frĂ©nĂ©sie pour revenir Ă des contenus qui servent une stratĂ©gie et une audience.
Et ça, aucune IA ne le fera (encore) à votre place.
đ€Ż Le casse-tĂȘte du moment : se visibiliser sur ChatGPT, Gemini & compagnie. Vu les billets qui sortent Ă ce sujet depuis quelque temps, on sent bien que les marketeurs sont sur les dents. Animalz nous offre quelques pistes, notamment en bossant sur une âAI Visibility Pyramidâ, lâidĂ©e gĂ©nĂ©rale Ă©tant de soigner votre rĂ©putation numĂ©rique globale pour que lâIA vous cite en prioritĂ©.
â ïž Vous faites du SEO Ă la papa ? VoilĂ pourquoi Google vous met en PLS : pendant que vous bourrez encore vos pages de mots-clefs, Google est passĂ© Ă autre chose depuis belle lurette, comme le rappelle Myriam Mettouchi. Carrourou Ă consulter dâurgence si vous sentez que vous ĂȘtes coincĂ© dans les annĂ©es 2010.
đ 18 ans dâexpĂ©rience, et toujours traumatisĂ©e par le mot âvalidationâ : dans un carrourou trĂšs rigolo ma foi, Lilwen Morrigane vous offre un glossaire non officiel de la vie de content manager : brainstorms creux, rĂ©troplannings utopiques, fichiers âFinal_V3_OK_OK_OKâ envoyĂ©s Ă minuit et tout le tintouin. Bref, toutes les galĂšres quâon connaĂźt trop bien quand on produit du contenu en entreprise.
đž LâIA de Meta pourrait bien coĂ»ter des milliards Ă Zuck (merci Harry Potter) : mauvais karma pour Meta, leur IA LLaMA rĂ©cite des passages entiers de bouquins sous copyright, genre mot pour mot. Un expert en droit (ex-avocat de Meta, ironie quand tu nous tiens la guibole..) a prouvĂ© que la machine âse souvientâ un peu trop bien de Harry Potter, Gatsby ou 1984. Avec le procĂšs en cours (et un entraĂźnement illĂ©gal sur le dataset Books3), lâaddition pourrait se chiffrer en milliards. Oupsi.
Vous pensez quâil vous faut une armĂ©e de rĂ©dacteurs, un studio vidĂ©o et un CSM premium Ă 30K/an pour faire Ă©merger une stratĂ©gie de contenu qui envoie du pĂątĂ© ?
Faux.
Emily Kramer (via sa newsletter MKT1, que jâaime fort beaucoup par ailleurs) le prouve chaque mois : avec une Ă©quipe rĂ©duite (elle-mĂȘme + 1 freelance + un studio podcast), elle arrive Ă gĂ©nĂ©rer plus dâimpact avec sa newsletter - audience, conversions, CA - que beaucoup de startups hyper staffĂ©es du cul.
Son secret ? Bah⊠yâen a pas vraiment en fait. MĂȘme si Emily Kramer prend ici lâexemple de sa propre newsletter, ses principes sâappliquent Ă nâimporte quelle stratĂ©gie de contenu B2B, avec un systĂšme Ă©ditorial pensĂ© comme un produit :
đ Des idĂ©es fortes.
đ Une voix claire.
đ Une mĂ©thode pour recycler et renforcer ses concepts au fil du temps.
đ Et surtout : lâabandon de cette quĂȘte dĂ©bile du âtoujours plus de contenuâ.
Ce que montre son modĂšle, câest quâavec lâavĂšnement de lâIA et du contenu gĂ©nĂ©rique Ă la kilotonne, la clef nâest pas de produire plus vite, câest de produire mieux, avec une cohĂ©rence stratĂ©gique et un vrai levier dâapprentissage pour lâaudience.
Bref, de bĂątir un Ă©cosystĂšme Ă©ditorial qui vit. MĂȘme quand on est seul, ou presque. VoilĂ qui devrait vous donner un peu de grain Ă moudre, que vous soyez solos ou en entreprise.
1ïžâŁ Pourquoi câest possible de tout faire en solo (et mĂȘme stratĂ©gique)
Quand on papote contenu B2B, on a tendance Ă rencontrer ce genre dâavis :
âPour jouer dans la cour des grands, pas le choix, faut une grosse team pour assurer la prodâ. Sinon, impossible de rivaliser.â
Dans les faits, absolument pas, dâautant que le terrain a changĂ© :
âĄïž On nâachĂšte plus du volume : lâaudience est saturĂ©e, lâattention se fragmente. Ce qui compte, câest la cohĂ©rence Ă©ditoriale et la valeur perçue.
âĄïž LâIA nivĂšle par le bas : produire du contenu moyen est devenu trivial. Ce qui surnage de la masse aujourdâhui, câest lâoriginalitĂ© de la voix et la qualitĂ© du systĂšme⊠tout en sâaidant de lâIA pour automatiser plein de trucs.
âĄïž Les petites Ă©quipes sont plus agiles : moins de comitĂ©s Ă la con, moins âdâalignement stratĂ©giqueâ, plus de tests et de cycles courts en format sprint.
âĄïž Et surtout, le contenu doit ĂȘtre pensĂ© comme un produit, pas un artefact marketing.
Un contenu bien conçu nâest pas censĂ© crever en 48h sur LinkedIn. Il sâinscrit dans un Ă©cosystĂšme cohĂ©rent qui sâenrichit avec le temps (ce quâEmily appelle son âlivreâ, qui sâĂ©toffe Ă chaque nouvel article, chaque podcast, chaque template).
Bref, ce nâest pas âplus de contenuâ quâil faut, câest mieux penser le contenu, en systĂšme.
2ïžâŁ Les fondations dâun systĂšme qui tient la route
Non, il suffit pas de âposter rĂ©guliĂšrement sur LinkedInâ pour bĂątir un Ă©cosystĂšme Ă©ditorial qui dure. Emily Kramer sâappuie sur une architecture ultra claire :
đ Guiding Principles : la boussole Ă©ditoriale indispensable
Avant de parler de contenu, elle parle de principes. Des rĂšgles de base qui servent de filtre permanent :
Ajouter de la valeur Ă chaque contenu
Rester ancrée dans son audience réelle
Se différencier par la profondeur
Ătre prĂȘt Ă se viander pour progresser
Ăviter les ârandom acts of marketingâ
Ces principes permettent de dire non aux idĂ©es creuses, aux posts opportunistes, aux lubies du moment, et garantissent que chaque asset publiĂ© serve Ă quetâchose.
đ Perceptions : quels rĂ©cits voulez-vous ancrer dans votre audience ?
Emily construit dĂ©libĂ©rĂ©ment les perceptions quâelle veut installer, et ces perceptions sont formulĂ©es comme des phrases quâelle espĂšre entendre en retour de ses lecteurs. Tout son contenu sert Ă renforcer ces idĂ©es.
đ Content Pillars : bĂątir votre âlivreâ, chapitre aprĂšs chapitre
Chaque contenu sort pas de nulle part : il sâinscrit dans un ensemble.
Emily pense ses thĂ©matiques comme les chapitres dâun livre en construction : org design, marketing ops, content, ecosystem⊠Avec, pour chaque pilier : des frameworks, des templates, des articles longs, des posts courts.
Son audience sait ainsi Ă quoi sâattendre et elle-mĂȘme Ă©vite de partir dans tous les sens façon poulet dĂ©capitĂ©.
3ïžâŁ Le mindset âportfolioâ : accepter de faire du caca boudin pour mieux apprendre
Si vous rĂȘvez dâun contenu parfait qui dĂ©boĂźte sa tati Ă tous les coups (comme tous les gens qui cherchent le template miracle sur LinkedIn en fait), mauvaise nouvelle : ça existe pas. Et câest lĂ quâEmily Kramer est brillante : elle ne cherche pas Ă âprĂ©direâ le hit, elle gĂšre son contenu comme un portfolio dâinvestissements.
đ La stratĂ©gie des âgrands Ă©cartsâ : tester sans se disperser
Dans son approche :
Certains contenus sont sûrs (les fameux piliers maßtrisés)
Dâautres sont des âbig betsâ (nouveaux formats, nouveaux angles)
Dâautres encore sont des petits tests rapides (posts LinkedIn, newsletters annexes)
Tout ça tourne en parallĂšle. Ce qui fonctionne est renforcĂ©. Ce qui floppe⊠est documentĂ© et mis de cĂŽtĂ©. Aucun souci, câĂ©tait bien dâavoir essayĂ©.
đ Pourquoi vous devez documenter vos Ă©checs Ă©ditoriaux
La tentation classique, surtout en solo : oublier la mayonnaise qui nâa pas pris. Grave erreur. Emily capitalise sur ses ratĂ©s pour affiner son instinct sur les bons formats, les bons moments ou les signaux faibles de lâaudience.
En clair : vous ne pouvez pas scaler une stratĂ©gie content sans accepter de rater encore et encore. Mieux : ces Ă©checs construisent votre compĂ©tence Ă©ditoriale bien plus vite que les succĂšs. Je vous refais pas le coup du âje perds jamaisâ tout ça, mais le cĆur y est.
4ïžâŁ LâingrĂ©dient secret : la systĂ©matisation des connexions
Le contenu âone-shotâ, câest exactement ce quâEmily Kramer cherche Ă Ă©viter. Son mantra ? Pas de cul-de-sac Ă©ditorial. En bref, chaque contenu doit connecter, prolonger, enrichir lâexpĂ©rience de lâaudience.
đ Chaque contenu doit mener quelque part
Un post LinkedIn renvoie vers un article.
Lâarticle fait rĂ©fĂ©rence Ă un framework.
Le framework est lié à des templates réservés.
Les templates ramĂšnent vers le podcast.
Bref : câest un Ă©cosystĂšme vivant oĂč chaque Ă©lĂ©ment est une porte ouverte vers un autre Ă©lĂ©ment.
đ Comment rĂ©utiliser ses frameworks et concepts pour renforcer votre brand editorial
Chez MKT1, il y a les âKrameworksâ (les frameworks dâEmily Kramer, incroyable jeu de mots, certes) :
Ils reviennent en fil rouge dans les articles.
Ils sont cités dans les podcasts.
Ils vivent dans les templates premium.
Ils ancrent une identitĂ© forte (âah, ça câest un concept MKT1â).
LâidĂ©e câest pas de pondre 200 idĂ©es neuves par an : lâidĂ©e, câest de bĂątir un socle cohĂ©rent que vous renforcez et dĂ©ployez Ă travers vos contenus.
5ïžâŁ Ce qui fait vraiment la diffĂ©rence : la voix, pas les moyens
Câest sans doute la leçon la plus forte du modĂšle MKT1 : ce qui fait quâon suit Emily Kramer, ce nâest pas la taille de son Ă©quipe ou la beautĂ© de ses slides. Câest sa voix.
đ Construire une voix Ă©ditoriale identifiable et cohĂ©rente
Chez MKT1, tout est Ă©crit par Emily. Pas pour des raisons dâego, mais pour des raisons de cohĂ©rence :
Le ton est direct, expert mais accessible.
Il y a des touches dâhumour, des petites bizarreries (âKrameworksâ, etc).
La position est assumée, on est pas le cul entre deux banquettes.
đ Pourquoi les contenus tiĂšdes (ou optimisĂ©s IA) ne tiennent pas face à ça
Vous lâavez constatĂ©, le marchĂ© est inondĂ© de contenus corrects mais sans personnalitĂ©, entre des articles âSEO firstâ qui ne disent rien de nouveau ou des posts LK crachĂ©s en rafale par ChatGPT.
Conclusion logique, personne nâen a rien Ă foutre, et se dit encore moins : âTiens, jâai hĂąte de lire le prochain post de cette boĂźteâ.
Ă lâinverse : une voix forte, rĂ©pĂ©tĂ©e, incarnĂ©e = une fidĂ©lisation naturelle (et pour un solo marketer, câest une des armes les plus puissantes).
đ Comment lâassumer (mĂȘme en solo)
Le piĂšge classique : âJe nâai pas le temps / le talent / la lĂ©gitimitĂ© pour avoir une vraie voixâ. Faux. Le point de dĂ©part :
â Adoptez des principes Ă©ditoriaux clairs.
â Ăcrivez pour ĂȘtre reconnu, pas pour âfaire commeâ.
â Laissez vivre les aspĂ©ritĂ©s (un peu de fun, de points de vue tranchĂ©s).
â ItĂ©rez. Câest le jeu ma pauvre lucette.
Vous avez pas besoin de devenir une star de LinkedIn. Mais si vos contenus sont plats⊠ils auront jamais dâimpact.
đ Bonus : mini checklist pour bĂątir (ou renforcer) votre systĂšme Ă©ditorial en solo
Allez, si on condense tout ça, voici une petite checklist inspirée par Emily Kramer pour bùtir votre systÚme édito en solo ou en équipe lean :
â Clarifier vos perceptions
Quelles idĂ©es voulez-vous que lâaudience vous associe systĂ©matiquement ?
Quelles phrases vous voulez entendre quand on parle de vous ?
â Formaliser vos content pillars
Quelles grandes thématiques allez-vous creuser (vraiment, pas juste sur 2 mois) ?
Quels âchapitresâ allez-vous Ă©crire dans votre âlivreâ Ă©ditorial ?
â Documenter vos frameworks
Quels concepts, méthodos, process pouvez-vous créer et réutiliser ?
Quelle âsignature intellectuelleâ allez-vous renforcer ?
â Mettre en place un mini-calendrier rĂ©utilisable
Quel format revient réguliÚrement ?
Comment chaque contenu nourrit-il les autres (pas dâimpasse) ?
â Adopter le mindset âproduitâ sur chaque contenu
Ce contenu aide-t-il vraiment mon audience ?
Quel problÚme résout-il ?
Est-il cohérent avec ma voix et mes perceptions ?
Aurai-je envie de le réutiliser dans six mois ?
Avec tout ça, vous pouvez trĂšs bien bĂątir un systĂšme Ă©ditorial scalable en solo, Ă condition de le penser en Ă©cosystĂšme, de vous concentrer sur lâessentiel et de ne pas tomber dans la course Ă la surprodâ.
Le contenu nâest pas un stock. Câest un produit. Alors ne le gaspillez pas.
Vous avez un podcast ou comptez vous y mettre ? Vous avez lâintention de le distribuer sur YouTube ? Quel hasard, cette petite vidĂ©o devrait rĂ©pondre Ă quelques-unes de vos interrogations.
Oui parce que bon, si vous le balancez Ă lâarrache via Ausha, yâa de fortes probabilitĂ©s que ça donne rien du tout, alors autant pousser la dĂ©marche au maximum.
Dans cette chouette petite vidĂ©o, Blas rappelle Ă juste titre que ce nâest pas le contenu brut qui va gĂ©nĂ©rer des vues mais dâabord⊠le travail sur le titre et la miniature.
De là découlent un ensemble de conseils que je vous laisse écouter. Enfin, regarder.
đ« Comment que vous avez trouvĂ© cette Ă©dition ?
Vous pouvez m'aider Ă le savoir en likant lâĂ©dition (ou pas) ci-dessous, voire en laissant un commentaire salĂ© comme la Mer Morte.
Si ça vous a botté, vous pouvez aider cette noble missive à se tailler une réputation par-delà les mers de Substack :





Je vais faire court pour une fois, mais j'ai l'impression qu'on est dans une Ăšre de flou oĂč on ne sait plus bien ce qui marche ou non, on nous dit que tel truc est obsolĂšte (alors que les "dark SEO" prouvent rĂ©guliĂšrement que non), ou que telle chose est absolument Ă faire, alors que les usages n'ont pas tant que ça changĂ©.
On fait tout un fion sur l'IA, et le GEO... Mais est-ce qu'on sait au moins qui recherche vraiment via ça ? Est-ce que la grande majoritĂ© n'est pas encore Ă l'ancienne ? J'ai moi-mĂȘme Ă©tĂ© stupĂ©faite d'avoir une prospect... via SEO (alors que je ne le bosse pas, par ailleurs). Qui ne connaissait mĂȘme pas mon LK, etc. Autant te dire que je me demande dans quelle mesure si nous, qui avons la tĂȘte dans le guidon et ces outils, on ne vendrait pas un peu trop vite la peau du pingouin...